Apprivoiser LaTeX - 1 - Votre premier document

Vous qui utilisez avec plus ou moins de maîtrise votre traitement de texte favori pour l'édition de vos documents, avez-vous déjà entendu parler de LaTeX ? Si oui, on vous l'a peut-être décrit comme quelque chose de monstrueux, d'austère, d'élitiste, réservé aux universitaires et aux chercheurs. Bien, maintenant je vais vous faire aimer ce monstre.

Sous cette carapace répugnante se cache un puissant outil de composition de texte (par opposition à un traitement de texte). La seule compétence indispensable à son utilisation est de savoir écrire du texte en ordonnant les informations de manière logique, c'est à dire découper le texte en chapitres, sections, sous-sections et paragraphes (ce que l'on nous apprend depuis l'école primaire) et votre travail s'arrête là. C'est le travail de fond.

Avec un traitement de texte, vous devez bien évidemment écrire votre texte de manière structurée (aucun programme ne pourra s'acquitter de cette tâche à votre place), mais vous devez également mettre en forme votre texte. C'est le travail de forme, de "décoration". Vous avez à choisir quelle police utiliser, avec quelle graisse, inclinaison, pour vos titres de section, de paragraphes, quelles puces utiliser pour vos listes, les retraits éventuels, etc. Dans la pratique les travaux de fond et de forme ont tendance à se dérouler en même temps ce qui à pour conséquences quelques incohérences. En plus de cela tout le monde n'a pas les connaissances typographiques à l'élaboration d'un document bien formé.

Le travail d'un formatteur de texte est justement ce travail de la forme qu'il exécute en respectant les standards typographiques. Je vous conseille de lire l'article de Thomas Nemeth sur le débat composition / traitement de texte (cf. liens). Au cours de cette série d'articles nous allons apprendre à utiliser l'un des plus efficaces et des plus utilisés : LaTeX (se prononce latek). Cette série se destine au débutant total, qui utilise ou non des outils de traitement de texte. N'étant moi-même pas débutant, il se peut que certains détails insignifiants à mes yeux soient des murailles infranchissables pour vous. Je ferai mon possible pour que cela n'arrive pas mais si cela se produisait, n'hésitez pas à me le signaler. Ce magazine est avant tout celui des lecteurs et cette série d'articles, même si elle est déjà planifiée, évoluera selon vos remarques et vos désirs.

Dans ces articles je ferai allusion à la fois à la notion de source et de document. Le source est un terme venant du vocabulaire de la programmation (en fait c'est l'abréviation de code source d'où sa masculinisation). Il représente le fichier qui va contenir votre texte mais aussi les commandes de mises en forme ; en ce sens il y a une similitude avec un code source mais n'y voyez pas là la nécessité de savoir programmer pour utiliser LaTeX. Le document désigne le contenu, le fond. C'est aussi le produit final. A noter que le source contient le document.

Les outils nécessaires

Pour l'édition, c'est à dire taper le source, vous n'aurez besoin que d'un simple éditeur de texte, n'importe lequel du moment qu'il permet de sauvegarder du texte brut (sans enrichissement de données de police, taille, graisse) et qu'il vous plait. Pour votre confort il faudrait qu'il fasse de la coloration syntaxique c'est à dire qu'il mette en couleur les mots clés (ce sont, dans le cas de LaTeX, les commandes que je vais vous décrire dans cette série d'articles). Si vous n'avez pas l'habitude d'utiliser d'éditeur de texte (tout le monde n'est pas programmeur ou administrateur système), je vous conseille NEdit (la coloration syntaxique s'active dans le menu Preferences/Highlight syntax) pour sa simplicité d'utilisation et son efficacité, mais c'est un avis personnel.

Pour la mise en forme (ou compilation pour utiliser un terme de programmeur), c'est LaTeX qui s'en charge. Généralement il est installé avec votre distribution. Pour vous en assurer ouvrez un terminal :

Maintenant que nous avons les bons outils, nous allons pouvoir commencer à travailler. Commencez par créer un nouveau fichier à l'aide de votre éditeur auquel vous donnerez l'extention ".tex". Exemple : mon_premier_document.tex. Un conseil, évitez le caractère espace dans vos noms de fichiers.

L'en-tête du source

Pour ce premier article je vais faire l'impasse sur certains détails (que j'expliquerai dans un prochain article bien sûr) afin de ne pas vous surcharger en explications et que vous puissiez dès maintenant faire votre premier document. L'en-tête d'un source LaTeX sert de description, elle n'apparaît pas dans le document mis en forme mais elle fournit des informations indispensables à LaTeX. Dans notre cas, le source va commencer par :

\documentclass[a4paper,10pt]{article}
\usepackage[french]{babel}
\usepackage[T1]{fontenc}
\usepackage[latin1]{inputenc}

\title{Mon premier document}
\author{Moi}

La structure du document

L'environnement document

Un environnement délimite une zone de texte sur lequel seront appliquées des propriétés particulières. Concrètement cela se représente ainsi :

\begin{nom_de_l'environnement}
... votre texte ...
\end{nom_de_l'environnement}
Le premier environnement que nous devons utiliser est document. Il a la propriété de délimiter votre document, c'est à dire tout ce qui sera mis en forme par LaTeX. Tout source LaTeX dont le but est de produire un document, contient un et un seul environnement document.

Le titre

Dans l'en-tête du source vous avez surement noté que l'on renseignait un titre et un auteur pour le document. Mais je vous ai dis que tout ce qui était noté dans l'en-tête n'apparaissait pas dans le document. Donc il faut utiliser une commande qui va insérer le titre dans votre document. Pour cela ajoutez la commande suivante dans l'environnement document :

\maketitle

Les divisions du document

Un document n'est jamais mono-bloc ou alors c'est un résumé. Il est généralement divisé en sections, sous-sections et paragraphes (et même en parties et en chapitres quand il s'agit de gros documents comme des livres). Le présent article, rédigé initialement avec LaTeX, est lui-même divisé en sections et sous-sections. Le source ressemble à ceci :

\documentclass[a4paper,10pt]{article}
\usepackage[french]{babel}
\usepackage[T1]{fontenc}
\usepackage[latin1]{inputenc}

\title{Apprivoiser LaTeX - 1 - Votre premier document}
\author{Dimitri ROBERT}

\begin{document}

\maketitle

\section{Les outils nécessaires}

Pour l'édition, c'est à dire taper le source, vous n'aurez besoin
que d'un simple éditeur de texte, n'importe lequel du moment qu'il
permet de sauvegarder du texte brut (sans enrichissement de données
de police, taille, graisse) et qu'il vous plait.

\section{L'en-tête du source}

Pour ce premier article je vais faire l'impasse sur certains détails
(que j'expliquerai dans un prochain article bien sûr) afin de ne pas
vous surcharger en explications et que vous puissiez dès maintenant
faire votre premier document.

\section{La structure du document}

\subsection{L'environnement document}

Un environnement délimite une zone de texte sur lequel seront
appliquées des propriétés particulières.

\subsection{Le titre}

Dans l'en-tête du source vous avez surement noté que l'on renseignait
un titre et un auteur pour le document.

\end{document}

Et LaTeX rendra, après mise en forme, ce document :

Les outils nécessaires

Pour l'édition, c'est à dire taper le source, vous n'aurez besoin que d'un simple éditeur de texte, n'importe lequel du moment qu'il permet de sauvegarder du texte brut (sans enrichissement de données de police, taille, graisse) et qu'il vous plait.

L'en-tête du source

Pour ce premier article je vais faire l'impasse sur certains détails (que j'expliquerai dans un prochain article bien sûr) afin de ne pas vous surcharger en explications et que vous puissiez dès maintenant faire votre premier document.

La structure du document

L'environnement document

Un environnement délimite une zone de texte sur lequel seront appliquées des propriétés particulières.

Le titre

Dans l'en-tête du source vous avez surement noté que l'on renseignait un titre et un auteur pour le document.

Et pour compléter cet exemple, sachez que vous pouvez utiliser aussi ces commandes :

Arrêtons-nous un instant pour analyser la syntaxe suivante :

\section{La structure du document}
Il s'agit de l'appel d'une commande. Comme toutes les commandes, elle est précédée d'un anti-slash "\". Son seul argument ou paramètre est "La structure du document" et il est inséré à l'intérieur d'un couple d'accolades "{}". Notez que cette commande n'a qu'un seul argument, d'autres commandes en ont plusieurs et la syntaxe nécessite une paire d'accolade par argument.

Et une fois tapé votre beau document avec toutes ces subdivisions, vous aurez peut-être envie que les titres soient consignés dans une table (la table des matières). LaTeX va la créer pour vous mais pour cela il vous suffit d'utiliser la commande \tableofcontents de la même manière que vous avez utilisé \maketitle. LaTeX insèrera la table des matières là où vous appelez cette commande. Cela peut-être après le titre, à la fin du document, n'importe où et même plusieurs fois si vous voulez.

Les sauts de ligne, de page

LaTeX ne tient pas compte des espaces multiples, des tabulations et des retours à la ligne seuls. Cela permet de mettre en forme (d'indenter comme dirait un programmeur) votre source afin d'en améliorer la lisibilité. Notez que cela n'est pas obligatoire et ne change en rien le rendu final.

Seulement, cela peut poser problème lorsque vous voulez aller à la ligne. Pour signifier à LaTeX que vous commencez un nouveau bloc de texte, vous devez laisser une ligne blanche (deux retours à la ligne successifs). Si vous voulez laisser une ligne blanche dans le document final, il faudra en plus de laisser une ligne blanche dans le source, terminer le bloc de texte précédent par deux anti-slashs "\\".

Un saut de page est introduit par la commande \newpage. Vous pourrez l'utiliser, par exemple, pour séparer le titre et la table des matières, ou encore faire débuter chaque section sur une nouvelle page.

Mise en forme du document

Pour l'instant vous avez suffisamment travaillé. Il est temps de laisser LaTeX faire son boulot. Il suffit de taper en ligne de commande (dans un terminal) si votre fichier s'appelle "exemple.tex" :

$ latex exemple.tex
Va s'ensuivre un défilé de lignes fort peu compréhensibles où LaTeX raconte ce qu'il est en train de faire subir à votre source pour en faire un bien beau document. Et à la fin il vous rend la main (le prompt). Enfin, normalement, parce que s'il y a une erreur dans votre source, LaTeX interrompra la compilation sur un joli message d'erreur. Ce pourrait être une faute de frappe, il faudra alors corriger. Il se peut aussi que vous ayez utilisé dans votre prose, un caractère spécial qui a une autre signification pour LaTeX (du genre \, {, % ou $). Je vous expliquerai dans le prochain article comment insérer ces caractères dans le texte, on ne peut pas tout apprendre la première fois !

Au final la compilation vous aure produit un fichier DVI (avec une extension ".dvi" qui signifie DeVice Independant). Il contient la description précise de votre oeuvre. Pour le visionner utilisez xdvi :

$ xdvi exemple
Astuce : si vous cliquez sur votre document dans la fenêtre de xdvi, la zone pointée apparaît grossie. Suivant le bouton de souris que vous utilisez cette zone sera plus ou moins grande.

Le but final d'un document produit avec LaTeX est généralement une sortie papier. Nous allons maintenant produire un fichier dont la sortie papier sera identique quelle que soit l'imprimante. Pour cela il utilise la norme Postscript. La conversion se fait avec dvips :

$ dvips exemple -o exemple.ps

Et maintenant, si votre imprimante est correctement installée il vous suffit de l'allumer et de faire :

$ lpr exemple.ps

Et voilà, c'est tout pour ce mois-ci, j'espère ne pas avoir été trop brutal. Dans ce premier article nous avons du poser les bases de travail, les prochains vous proposerons plus de pratique de LaTeX. Reprenez l'exemple donné à la section "Les divisions du document" et enrichissez-le avec les autres commandes décrites dans cet article.

Dimitri Robert
dimitri-robert CHEZ wanadoo.fr

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