Même si le projet a démarré il y a déjà un an et demi, XFce commence seulement à percer. Faisons le tour d'un autre environnement de travail méconnu...
X-Window ou le libre arbitre
X-Window est avant tout un protocole graphique qui n'est pas destiné à un matériel particulier. X permet d'afficher des fenêtres graphiques sur un terminal alors que le programme fonctionne lui sur un gros système situé à 500km de là, par exemple.
La principale différence avec d'autres systèmes multi-fenêtrages est que X-Window n'impose par d'interface particulière. Cette fonction est laissée à une autre application, appelée Window Manager ou gestionnaire de fenêtres.
En fait, il existe
un très grand nombre de gestionnaires de fenêtres différents,
avec chacun leur "look" proche de l'interface de tel ou tel autre système.
Chaque utilisateur peut définir quel gestionnaire de fenêtre
il désire utiliser sur son compte.
Cette richesse d'environnements peut dérouter le nouveau venu sur
Unix (ou plutôt Linux, en ce qui nous concerne), habitué
à se retrouver dans un espace de travail bien défini et
plus ou moins standard.
En réalité, c'est cette spécialisation qui rend X-Window beaucoup plus intéressant que d'autres environnements : X gère l'affichage des objets graphiques, le gestionnaire de fenêtre se charge des manipulations de ces objets, etc. et l'utilisateur reste libre du choix de l'interface qu'il veut utiliser.
Fvwm et ses descendants
S'il existe un gestionnaire
de fenêtres qui a inspiré du monde, c'est bien Fvwm !
Parmi ses descendants, on trouve bien sûr Fvwm2 et Fvwm95, mais
aussi AfterStep, Amiwm, la version MWM de Lesstif et bien d'autres encore.
A la base inspiré de Twm (le gestionnaire de fenêtres livré avec X-Window), Fvwm a été le premier gestionnaire de fenêtres à offrir gratuitement des fonctionnalités comme les espaces de travail virtuels, des décorations de fenêtres en relief, etc.
XFce, la barre d'outils
XFce reprend l'aspect
bien connu des utilisateurs de CDE.
Dans la partie centrale, on trouve les écrans virtuels, le verrouillage
du terminal ainsi que l'accès au panneau de configuration.
De chaque côté, une série d'icônes entièrement
configurables permet de lancer les applications définies par l'utilisateur.
Un simple clic à l'aide du bouton droit de la souris sur une de
ces icônes donne accès à une boîte de dialogue
dans laquelle il sera possible de définir quelle action associer
à cette icône et même de changer l'icône. Tout
se fait à la souris.
A chaque icône correspond un menu déroulant, de sorte que
les icônes donnent un classement thématique.
Par exemple, dans
le menu déroulant au dessus de l'icône terminal, on pourra
ranger d'autres outils de connexion ou d'autres émulateurs de terminal
comme x3270 pour l'accès au mainframe.
Comme pour les icônes, un simple clic du bouton droit de la souris
permet d'ajouter, d'éditer ou de supprimer les entrées d'un
menu.
Chaque menu est détachable et peut être positionné
n'importe où sur l'écran. Une fois détaché,
le menu reste ouvert même après une sélection, ce
qui permet de garder certains menus toujours à disposition.
Des bulles d'aides rappellent à tout moment quelle action est associée
à tel ou tel bouton ou icône.
Même le titre des écrans virtuels est définissable
par l'utilisateur. Comme à l'accoutumée dans XFce, on utilisera
le bouton droit de la souris pour avoir accès à cette option.
Tous ces paramètres sont ensuite sauvegardés automatiquement par le système dans un fichier texte. Par conséquent, il n'est absolument pas nécessaire (c'est même déconseillé) d'éditer de fichier de configuration dans XFce.
Le Panneau de configuration
Le panneau de configuration est très complet. Il permet de définir sa palette de couleur de manière graphique puis de la sauvegarder sur disque. A partir de ce panneau, il est également possible de définir le comportement des fenêtres, à savoir s'il faut cliquer dans la fenêtre pour focaliser ou si le focus suit automatiquement le pointeur de la souris, comme c'est souvent le cas dans les gestionnaires de fenêtres sous X-Window.
XFbd, le gestionnaire de papiers peints
Ce module permet
de gérer les papiers peints sous XFce de manière graphique.
Pour l'utiliser, il suffit de choisir le
motif à utiliser parmi la liste proposée.
XFce est livré avec plus de 80 motifs de papiers peints différents.
XFwm, le gestionnaire de fenêtres
Dernier arrivé
dans le pack XFce, xfwm constitue une avancée importante dans ce
projet.
Basé essentiellement sur le code de Fvwm2, ce gestionnaire de fenêtres
occupe bien moins de place que son ancêtre (117Ko contre 144Ko pour
Fvwm2 ou encore 251Ko pour MWM et 172Ko pour Kwm).
Cette perte de poids est à mettre sur le compte d'une plus grande
simplicité grâce notamment à la suppression de bon
nombre d'options de Fvwm2.
Mais XFwm n'est pas seulement un Fvwm2 allégé, il présente
aussi de nombreuses améliorations comme par exemple une optimisation
de l'affichage de fenêtres (la différence est sensible même
sur un Pentium 200 MMX sous XFree86) ou la suppression de quelques bugs
résiduels dans Fvwm2.
Une autre amélioration importante dans XFwm est sa polyvalence. En effet, ce gestionnaire de fenêtres est compatible avec les protocoles utilisés par MWM(tm), OpenLook(tm), mais aussi Kde et GNOME ! Cela signifie que XFwm est capable d'interpréter les spécificités utilisées par les applications destinées à des gestionnaires de fenêtres et de les adapter à ses options à lui. Par exemple, il est tout à fait possible d'utiliser Knotes pour afficher des notes sous XFwm. De même, les barres d'outils détachables des applications des K-tools sont parfaitement fonctionnelles sous XFwm.
Visuellement, XFwm
se rapproche un peu de l'aspect look des fenêtres de Microsoft Windows,
avec des barres de titres en dégradé.
Sur une barre de titre de XFwm, on trouve 4 boutons répartis de
chaque coté, destinés à fermer, coller, icônifier
ou agrandir la fenêtre.
Lorsque l'on agrandit ou icônifie une fenêtre, une petite
animation (qu'il reste possible de désactiver) vient agrémenter
l'opération.
Les couleurs utilisées dans XFwm sont définies directement
à partir du panneau de configuration de XFwm. Les couleurs restent
ainsi parfaitement homogènes entre les applications de XFce et
leur gestionnaire de fenêtres.
L'aide HTML
XFce est livré
avec une aide entièrement au format HTML intégrant de frames
et de nombreuses images d'écran.
L'installation, la configuration et l'utilisation y sont décrites
en détail.
Deux versions, en Français et en Anglais sont disponibles. Une
troisième traduction, en Portugais pour le Brésil est en
préparation.
L'installation
Là encore,
le confort de l'utilisateur est préservé.
L'utilisateur a le choix entre des archives au format "tar" et des archives
au format RPM (Redhat).
Le programme est
disponible sous forme de sources, évidemment, mais aussi en précompilé
pour libc5 et la nouvelle libc6.
Une fois l'archive téléchargée (entre 1.5 et 1.7
Mo tout de même) et installée, il suffit de lancer un script
pour configurer les fichiers de l'utilisateur automatiquement.
Ainsi, il suffit de lancer xfce_setup pour automatiquement sauvegarder
les fichiers initiaux et les remplacer par ceux de XFce.
Ensuite, si besoin est, un simple xfce_remove remettra les fichiers originaux.
Tant la compilation que l'installation ne posent aucun problème, y compris sur la dernière RedHat 5.1. Attention tout de même, pour pouvoir compiler XFce , il faut posséder la librairie XForms (version 0.81 minimum). Heureusement, les archives précompilées intègrent directement cette librairie, ce qui rend leur utilisation bien plus simple pour les débutants sous Linux.
Pour finir, les ressources de XFce sont traduites en Anglais, Français, Italien, Espagnol, Allemand et Hongrois ! Malheureusement, XFce n'intègre pas directement le support des locales, ce qui oblige à définir à la main le fichier de ressources à utiliser si l'on veut changer de langue.
Où obtenir XFce ?
XFce , dans la version 2.0.2 (la dernière connue lors de l'écriture de ces lignes) est disponible sur le site web des Logiciels du Soleil en HTTP ou FTP anonyme aux adresses suivantes :
Il existe également un miroir du site XFce aux Etats-Unis, à l'adresse suivante :
Sur ce site, on trouvera également des archives d'icônes additionnelles pour XFce et d'autres programmes. A noter également que les archives "tar" de XFce sont sur SunSITE (sunsite.unc.edu) dans le répertoire "Window Managers"
XFce ne peut rivaliser en fonctionnalités avec des outils comme KDE. Il reste compatible avec ces derniers et consomme cependant beaucoup moins de ressources système. Il constitue donc une bonne alternative à d'autres gestionnaires de bureau, et grâce à son excellente robustesse, il permet de travailler longtemps sans craindre de mauvaises surprises.
Olivier Fourdan
(fourdan@csi.com)