Echo de la Silicon Valley

21 Avril 99, Redwood City.

Bonjour.

Suite à certains messages reçus par courrier, cette chronique va plutôt être destinée ce mois-ci à une présentation de la région, histoire d'effacer certaines idées préconçues !

Un peu de géographie :

[Quelques cartes sont disponibles sur le Web - voir les liens ci-dessous]

Commençons donc par un peu de géographie. À environ 10/12 heures d'avion de Paris, vous arrivez à San Francisco. La Silicon Valley débute juste au sud et s'étend en gros jusqu'à San Jose (environ 70 km). Cette zone est entourée d'eau : à gauche, le Pacifique (qui est vraiment froid - non, on ne peut que très difficilement s'y baigner), à droite, la baie.

 

Voici la vallée
où nichent les
plus grandes sociétés
informatiques

En fait, uniquement la partie donnant sur la baie est vraiment utilisable pour les habitations et les industries car la partie gauche est totalement montagneuse. Donc, sur cette bande assez étroite (10 km vraiment exploitables en largeur) se trouvent toutes les grandes compagnies que vous connaissez : Sun, Oracle, Netscape, HP, Silicon Graphics, Apple, etc. ainsi qu'une multitude de nouvelles petites sociétés (startup). Les villes se touchent littéralement : Redwood City, Atherton, Menlo Park, Palo Alto, Mountain View sont contenues dans un mouchoir de poche (à peine 10 km).

Le seul moyen de locomotion vraiment utilisable est la voiture (les transports en commun ? Un concept !) via les deux grosses autoroutes (Nord/Sud) : la 101 et la 280 qui joignent San Francisco à San Jose. La 101 descend après vers Los Angeles (qui est à près de 600 km de là !). Au niveau trafic... brrr... l'horreur.

Vue de San Francisco

Si on parlait travail ?

Ne parlez pas des 35 heures aux personnes travaillant dans cette région : ils tomberont des nues. Il n'est pas rare de travailler 10/12 heures par jour. Certains passent leur week-end devant leur petit écran pour terminer ce que le service commercial a promis aux clients pour la veille (comme toujours - mais c'est partout pareil, n'est-ce pas ?). Les vacances... alors là, c'est le point qui fait mal. Si vous avez de la chance, 3 semaines de congés par an (15 jours ouvrables). Ça ne fait pas lourd, hein !

Certes, les salaires sont plus importants qu'en France mais attendez-vous à travailler beaucoup plus. Un point positif en arrivant ici est que le salaire n'est pas calculé suivant les sacro-saintes grilles de salaire de nos chères DRH, pour qui le salaire est une équation entre diplôme et ancienneté. Le salaire est davantage évalué en fonction de votre expérience (ce que vous savez faire) et surtout de ce que vous pouvez faire ainsi que votre capacité à ingurgiter les nouvelles technologies. Peu importe que vous veniez d'une université, d’une grande école ou que vous soyez autodidacte.

L'ambiance de travail est vraiment différente, beaucoup plus détendue. Je ne crois pas avoir porté de cravate depuis que je suis arrivé ici. Je n'en dirais pas autant des shorts et des Tee-Shirt. Il n'y a pas d'horaire fixe, liberté totale en matière d'organisation. Un seul objectif : faire que ce l'on vous demande de faire. Dans un sens, cela marche très bien et les gens sont beaucoup plus détendus et donc plus efficaces.

Un petit défaut toutefois : en théorie, vous pouvez être remercié avec 2 semaines de préavis - tout comme vous avez la possibilité de donner deux semaines de préavis pour quitter la société.

Berkeley/Stanford

Parlons maintenant des deux importantes universités de la région : Stanford et Berkeley. Une fois par an, les adeptes de football américain se réunissent devant le « Big Game », l'affrontement entre l'Université Stanford (Palo Alto) et l'Université Berkeley (à Berkeley...). Ne croyez pas que cette « petite » rivalité se voit uniquement sur le terrain ou par le nombre exubérant de prix Nobels qu'elles abritent. Même dans une entreprise, il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes : insulte suprême de dire à quelqu'un de Berkeley qu'il vient de Stanford. Un monde sépare ces deux universités.

Commençons par ma préférée : Berkeley. Berkeley est de l'autre côté de la baie (Sud-Est de San Francisco). On peut dire que cette université est entre autres le berceau d'Unix (TCP/IP y a été en grande partie implémenté, UFS. y est né, etc.). Cette université est également à l'origine du LSD (de là à ce que les deux inventions soient liées, selon certaines mauvaises langues, il n'y a qu'un pas - voir le livre « Unix Haters Handbook »). L'endroit est de plus vraiment agréable et particulièrement « détendu ». Certaines des rues semblent ne pas avoir changé depuis 68. De plus, c'est probablement le seul endroit de la région où la présence policière se fait à peu près discrète. Berkeley ressemble un peu à nos universités : sobre, mais avec plus de folklore. Enfin, signalons que cette université est publique (elle ne coûte donc pas trop cher aux étudiants - les études supérieures sont payantes aux USA).

Parc de l'université de Stanford

Passons maintenant à Stanford. Cette université se trouve au coeur de Palo Alto. Il s'agit de l'université de la démesure et de l'argent. Le parc de Stanford donne plutôt envie de faire la sieste sous les palmiers plutôt que d'aller en cours, mais vu le prix de l'année d'étude (compter quelques dizaines de milliers de dollars par an), il vaut mieux être attentif. Toutefois, le parc est ouvert et aller y flâner est vraiment agréable.

Quoi qu'il en soit, ces deux universités possèdent des laboratoires de recherche particulièrement importants et l'accès en est vraiment difficile.

Passons aux nouvelles locales de Linux.

Soyons honnête, ce mois-ci a été plutôt calme.

Dans sa lettre mensuelle aux développeurs, Sun a fait la promotion de la version Sparc : UltraPenguin. Un certain nombre de personnes se demandent quel intérêt peut pousser Sun à favoriser un système d'exploitation concurrent de Solaris. En fait, la majeure partie des bénéfices de cette compagnie ne s'effectue pas sur les logiciels mais sur le matériel. Donc, que vous mettiez Solaris ou Linux, du moment où vous achetez du Sun, c'est tout bon.

Linus Torvalds, toujours dans la mystérieuse société Transmeta, a effectué quelques nouvelles diffusions de la version 2.2. Cette version semble assez stable, compte tenu du faible nombre de problèmes rapportés. Il est donc possible que la version 2.3 (nouvelle version de développement) débute rapidement - pas mal de nouveautés étant déjà prêtes à y être injectées (Ext3, Nfsv3 client, devfs, etc.).

la NASA

Silicon Graphics

 

Quelques petits liens

Carte de la région : http://www.calif.com/ca/bay-are-map.html

Unix-Haters Handbook : http://www.catalog.com/hopkins/unix-aters/handbook.html

Visite de Berkeley : http://www.berkeley.edu

Visite de Stanford : http://tour.stanford.edu/

UltraPenguin chez Sun : http://www.sun.com/software/linux/

 


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