Connaissez-vous l'adage disant "Il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier" ? Mieux encore, il vaut mieux mettre plusieurs exemplaires de ses oeufs dans des paniers différents. Dans la réalité, ce n'est pas possible. En informatique oui, cela s'appelle un système RAID.
Cet article se base sur le Software-RAID HOWTO écrit par Linas Vepstas. Nous vous invitons donc à consulter cet excellent document beaucoup plus complet.
Qu'est ce-que Raid ?
Ce terme est un acronyme de Redundant Array of Independent Disks (espace redondant de disque bon marché). En vrai français : plusieurs disques sont utilisés ensemble pour fournir divers services. Ces services sont définis par un chiffre (niveau) :
0 : concaténation. Plusieurs systèmes de fichiers sont groupés afin de fonctionner comme un seul. Le but est un gain de performance par rapport à la technique classique consistant à monter les systèmes de fichiers via des répertoires.
1 : miroir ou mirroring. Toutes les données écrites sur un disque sont inscrites d'une façon similaire sur un autre. En cas de panne, les données seront lues depuis le second disque. Attention, il s'agit d'une technique visant à couvrir des risques de panne DES DISQUES et non du système. Ceci ne peut en aucun cas remplacer une bonne politique de sauvegarde.
4 et 5 : Le principe est le même que pour les niveaux précédents, si ce n'est que bien plus d'informations sont stockées pour faciliter le recouvrement des pannes.
Un système RAID peut prendre deux formes. La première est la plus coûteuse mais également la meilleure : le RAID par le matériel. Il s'agit d'une carte (souvent SCSI) où sont connectés les différents disques. Le contrôleur a la charge de faire fonctionner le système RAID de manière transparente pour le système d'exploitation. Ces cartes sont très fiables et très rapides, mais malheureusement hors de prix pour une PME ou un particulier.
La seconde solution consiste à configurer le système pour qu'il gère un RAID logiciel (soft RAID). De cette manière, il n'est plus nécessaire de posséder un matériel spécifique. Le principal avantage de cette solution (mis à part une grosse économie) est la souplesse du travail. En effet, une implémentation logicielle permet de travailler avec des partitions et non des disques entiers, comme c'est souvent le cas pour la solution hardware. Malheureusement, une telle souplesse se paie par une consommation supplémentaire de cycles processeurs.
Le système Soft RAID s'utilise sous la forme de modules du noyau et travaille au niveau de l'accès par bloc.
La mise en oeuvre théorique
Voici la méthode à appliquer pour mettre en place un système RAID sur votre ordinateur.
Nous partons du schéma de fonctionnement suivant : deux disques durs IDE connectés sur deux contrôleurs indépendants. Ceci permet de prévenir aussi bien les problèmes disques que ceux pouvant être rencontrés avec les contrôleurs ou la connectique. Les partitions sont organisées comme suit :
hda1 | / | 300 Mo |
hda2 | swap | 64 Mo |
hda3 | /home | 800 Mo |
hda4 | /var | 900 Mo |
hdc1 | /root | 300 Mo |
hdc2 | swap | 64 Mo |
hdc3 | /home | 800 Mo |
hdc4 | /var | 900 Mo |
La mise en oeuvre s'effectue de la façon suivante :
- Installation du système sur la partition hda1 marquée bootable
- hdc1 contiendra une copie brute de hda1. Ceci n'a rien à voir avec le RAID; il s'agit de pouvoir booter, même en cas de déficience du système RAID.
- hda3 et hdc3 seront "miroirées" en tant que /dev/md0
- hda4 et hdc4 seront "miroirées" en tant que /dev/md1
Nous aurons donc deux répertoires sécurisés : /home pour les données qui changent peu fréquemment comme une base de données d'articles, les fichiers d'un serveur web, etc. /var contiendra les données "dynamiques" comme les journaux, les files d'attentes de mail et d'impression, etc.
Voilà pour la théorie, nous verrons dans le prochain numéro comment mettre tout cela en pratique. En attendant, jetez un oeil aux différentes docs du kernel et au Howto mentionné plus haut.
Alexandre Meauban
ameaub@hotmail.com